Dans son livre Slowness, Milan Kundera demandait « Pourquoi le plaisir de la lenteur a-t-il disparu ? » Pour nous, grandir était une question de « lenteur » et nous trouvions peu de plaisir dans le train-train quotidien, dans le fait que tout avançait à la vitesse d’un escargot ; l’école, les devoirs, les réunions de famille, les skis qui glissaient sans cesse, les patins aux lames émoussées, la cueillette des petits fruits, la récolte des pommes de terre, les acnés, le rhume des foins, les gelures, la pluie, la neige fondante, la neige, le froid et l’hiver qui n’en finit pas, et bien plus encore. plus important encore, la perspective d’atteindre un jour l’âge auquel le plaisir a commencé semblait se situer entre inexistante et hautement improbable. La lenteur équivalait au train-train quotidien et obstiné et on pourrait très bien s’en passer, merci.

De nombreuses décennies ont passé et la lenteur a commencé à nous manquer ; nous en avions assez du rythme incessant de notre vie quotidienne et avions envie d’autre chose. La vie se déroule par phases et le moment était venu de faire autre chose. Longue histoire courte; Début 2015, nous avons vendu presque tout ce que nous possédions et acheté une propriété délabrée en Espagne que nous avons rénovée et transformée en hôtel. Huit ans plus tard, avons-nous retrouvé la sensation insaisissable de la lenteur ? Dur à dire. Ce que nous avons cependant trouvé, c’est un grand plaisir et une grande satisfaction à créer quelque chose ensemble ; nous réalisons (encore) un rêve qui n’avait même pas de modestes chances de se matérialiser un jour. Sans parler de décoller.

Comme nous l’avons appris au fil des années ; il ne s’agit jamais de la destination ; tout est question de voyage. Nous sommes toujours sur la route et nous espérons que nous le serons dans les années à venir.